Renifler des truffes au Tannzapfenland

Eveline Bänziger laisse sa chienne - un Lagotto Romagnolo - renifler les truffes. Elle s'appelle Lady et c'est une véritable héroïne de la truffe. Le Lagotto est un chien de travail parfait, car il est résistant, aime s'investir énormément et a un besoin infini de plaire. Son excellent odorat lui permet de sentir les truffes à grande distance. Il parcourt les forêts, photographie les lieux avec son nez et établit des cartes olfactives qui rendent ses recherches exactes et précises. C'est pourquoi on l'appelle aussi le "roi de la forêt".

Mais il n'y a pas de renifleurs de truffes pour rien - même si la race correspond. Eveline Bänziger a ramené sa Lady de France il y a cinq ans. C'est là qu'elle a découvert le plaisir de la recherche de ce délicieux champignon et qu'elle est également partie à l'affût chez elle. Avec persévérance, elle s'est promenée par monts et par vaux, par monts et par vaux. Jusqu'à ce que sa dame ne renifle plus seulement des souris, mais aussi les plus fines truffes de Bourgogne. Aujourd'hui, Eveline est une professionnelle. Elle sait où et Lady sait comment. Si une truffe se trouve à proximité, Lady se met à l'affût et creuse comme une folle sur le lieu du bonheur. Toujours le nez en avant, elle creuse jusqu'à ce qu'elle obtienne ce qu'elle veut. Eveline est sur place lorsque la chienne lui tend fièrement sa trouvaille. Maintenant, il faut faire très vite, sinon la truffe de Bourgogne finira dans l'estomac de Lady et non dans le sac à truffes d'Eveline. Bon chien ! Et c'est reparti ! Dans un bon jour, il arrive que les deux compères en ramènent un sac plein à la maison.

Les truffes poussent sous terre. Les fins filaments fongiques de la truffe s'attachent à l'extrémité des racines de l'arbre hôte. Il en résulte un échange de nutriments. Grâce à sa structure laineuse, le champignon fait en sorte que l'arbre puisse absorber plus d'eau. L'arbre, quant à lui, fournit au champignon des hydrates de carbone qu'il produit par photosynthèse. Une relation gagnant-gagnant. Une symbiose des plus raffinées.

C'est une fête lorsqu'Eveline et son chien de recherche Lady ramènent leur précieux bien à la maison. Comme un plaisir partagé est un plaisir redoublé, ses amies et amis profitent une fois par an de ce délice. La chercheuse de truffes nous confie une recette simple et préférée avec laquelle elle régale ses invités à l'apéritif.

Le Bichelsee est une véritable perle du lac, nichée entre de douces collines, qui offre une expérience de baignade transfrontalière : la frontière cantonale avec Zurich passe en effet directement derrière le kiosque de la plage de Bichelsee. On raconte des histoires merveilleuses sur cet endroit légendaire depuis le 12e siècle. À l'époque, il n'y avait apparemment pas de lac de Bichel, mais une forêt de chênes qui appartenait à une veuve pieuse. Un méchant voisin lui vola la forêt et, bien qu'elle se lamentât, elle ne fut pas entendue et maudit la forêt volée : la terre trembla, une terrible tempête éclata, des signes enflammés menacèrent le ciel et, quand un nouveau jour se leva, un lac s'étendit à la place de la forêt. Pendant longtemps, les filets de pêche se déchirèrent sur les chênes qui étaient profondément enracinés dans les profondeurs, raconte-t-on.

Pourquoi les cochons trouvent-ils des truffes, la réponse est simple. En effet, ils sentent comme un verrat prêt à s'accoupler. C'est pourquoi les porcs femelles sexuellement matures conviennent aussi à la recherche de truffes. En théorie donc. Car qui se promène dans la forêt avec un cochon. Mais parfois, les sangliers mettent des bâtons dans les roues des chasseurs de truffes locaux. Plus c'est rapide, plus c'est facile. Et parfois, le cochon en a eu pour son argent.

La Suisse n'est pas connue pour être une région truffière, le Piémont ou le sud-ouest de la France marquent plutôt des points. Mais les tubercules helvétiques gagnent du terrain. Depuis quelques années, on assiste dans notre pays à un modeste boom de la truffe. Bien qu'il soit possible, comme Eveline Bänziger, d'acquérir les connaissances nécessaires et de s'équiper d'un chien de recherche, la recherche de truffes n'est pas un chemin facile vers l'argent facile. La truffe de Bourgogne, très répandue en Suisse, se vend environ 800 francs le kilo. Les restaurants doivent débourser dix fois plus pour la truffe blanche, l'espèce de truffe la plus chère et la plus rare, que l'on trouve à l'état sauvage, mais justement pas en Thurgovie.